En quelques années, la consommation de compléments alimentaires a considérablement augmenté en Belgique. En vente libre dans les magasins d’alimentation, les salles de sport ou même sur internet, le « food supplement » est accessible à tous. Nous vous expliquons comment ces aliments sont contrôlés à l’intérieur du territoire… ainsi qu’aux frontières !
Un complément alimentaire est une denrée alimentaire à laquelle on ajoute un ou des nutriments, plantes ou autres substances afin de compléter le régime alimentaire normal, dans le but d’obtenir un effet physiologique ou nutritionnel sur l’organisme. On ne parlera de complément alimentaire que si les produits se trouvent sous une forme prédosée : en gélules, en ampoules de liquide, en comprimés, en gouttes, etc.
« La notification, une première étape »
Avant toute commercialisation en Belgique, un complément alimentaire doit être notifié par l’opérateur responsable auprès du Service public fédéral Santé Publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement, cette notification étant également possible via l’application Foodsup. Le service Notification du SPF effectue des vérifications relatives aux ingrédients présents dans le produit ainsi qu’au projet d’étiquetage, mais cette analyse documentaire ne garantit pas que toutes les non-conformités seront détectées. Il est possible qu’une demande de notification d’un complément alimentaire soit refusée à ce stade, par exemple si la teneur en certaines vitamines dépasse les taux maximaux prévus dans la législation. Si les experts ne détectent rien d’anormal lors de cette évaluation administrative, un numéro de notification est accordé. Cela ne signifie pas pour autant que le produit remplit toutes les exigences de la législation en vigueur et qu’il est donc conforme en tous points. Aucun complément alimentaire ne peut être commercialisé en Belgique sans numéro de notification. Même si un numéro de notification a été octroyé, des remarques peuvent être formulées dans l’accusé de réception transmis à l’opérateur responsable, qui doit alors remédier à ces points d’attention avant de pouvoir commercialiser le produit.
Bon à savoir ! En tant que consommateur, vous avez accès à la liste des compléments alimentaires qui ont obtenu un numéro de notification en Belgique en consultant la page « Foodsup » du site internet du SPF Santé Publique- thème « alimentation », partie « aliments spécifiques ». Ou cliquez sur ce lien.
Les contrôles sur le terrain : des inspections aux analyses
Il existe une centaine de fabricants de compléments alimentaires en Belgique. Nos contrôleurs leur rendent visite une fois tous les deux ans afin d’effectuer une inspection complète, au cours de laquelle l’hygiène générale est contrôlée à toutes les étapes de la fabrication. Les contrôleurs vérifient également la conformité des infrastructures, des équipements, de l’étiquetage des produits. Ils s’assurent aussi du caractère complet de la traçabilité des matières premières, ainsi que de la capacité de ces entreprises à « s’autocontrôler », un principe clé de la sécurité alimentaire qui stipule que chaque entreprise doit être maître de ses activités et doit pouvoir gérer les éventuels risques qui en découlent. Outre les fabricants, nos contrôleurs effectuent également des inspections chez tous les commerçants de compléments alimentaires, où les mêmes éléments sont attentivement vérifiés.
Les analyses en laboratoire nous permettent aussi de vérifier la conformité des compléments alimentaires et donc, in fine, leur caractère sûr. Près de 1000 analyses sont effectuées chaque année, notamment pour détecter la présence ou la teneur exacte en métaux lourds (arsenic, plomb, mercure, etc.), en HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques), en substances médicamenteuses, additifs alimentaires, minéraux et vitamines.
Du « e-control », une nouvelle nécessité
Nous constatons que les compléments alimentaires sont de plus en plus souvent achetés sur internet où les garanties de santé publique sont moins facilement contrôlables.
Ainsi, un consommateur qui veut perdre du poids peut acheter lui-même un complément alimentaire sur internet, mais peut-il faire confiance aux informations qu’il y trouve pour effectuer son achat ?
Qui a fabriqué le produit ? Est-ce réellement l’entreprise mentionnée sur le site internet ? Les ingrédients mentionnés sont-ils effectivement présents ? Les quantités d’ingrédients présents n’induisent-elles aucune nuisance à l’organisme ? Le complément alimentaire ne contient-il pas de plantes ou de substances interdites et nocives ? La sécurité des compléments alimentaires commandés online par un particulier est complexe à contrôler. Nous mettons en garde les consommateurs : tout ce qu’ils ont la possibilité d’acheter sur internet n’est pas sûr dans 100% des cas.
Vu l’importance des commandes online, nous effectuons des contrôles aux frontières avec l’aide des douanes et des centres de tri postaux tels que La poste. Nous procédons ainsi chaque année au contrôle de plusieurs milliers d’envois internationaux qui arrivent en Belgique ; dès qu’un doute existe, nous procédons à une analyse plus poussée (envoi vers un laboratoire par exemple). S’il ressort que le produit est tout à fait sûr pour le consommateur, nous laissons le colis continuer sa route et nous insérons une lettre explicative pour le destinataire final. Mais nous interceptons chaque année plusieurs centaines de compléments alimentaires interdits, qui contiennent des ingrédients non autorisés et/ou nocifs. En outre, certains compléments contiennent parfois des extraits de plantes menacées de disparition et protégées par la convention internationale CITES. Dans certains cas, des molécules médicamenteuses sont présentes dans le produit, qui doit donc être considéré comme un médicament à part entière. Il n’est pas rare que la santé d’un consommateur soit affectée par la prise d’un complément alimentaire commandé via internet.
Outre les contrôles de colis postaux réalisés auprès des services de livraison, une cellule “e-commerce” a également été mise en place en 2018 au sein de l’Agence. Cette cellule spécifique réalise des contrôles sur les sites de vente en ligne et sur les plateformes digitales, et effectue des achats ciblés en ligne pour ensuite faire analyser les produits. Ceci afin de garantir une chaîne alimentaire sûre !
Les mentions obligatoires sur l’étiquette
Si vous achetez un complément alimentaire, vérifiez si les mentions légalement obligatoires suivantes sont présentes sur l’étiquette :
- la dénomination « complément alimentaire » ;
- la dose recommandée à consommer chaque jour ;
- un avertissement
en cas de dépassement de la dose journalière recommandée ;
- un avertissement indiquant que le produit doit être tenu hors de portée des jeunes enfants ;
- une mention précisant que les compléments alimentaires ne peuvent pas être utilisés comme substituts d’une alimentation variée ;
- la teneur en nutriments, substances de plantes ou autres substances contenue dans la dose journalière recommandée, telle que mentionnée sur l’étiquette ;
- le nom de la ou des plantes, indiqué dans la langue de la région, si elle existe, mais aussi le nom scientifique (pour les compléments alimentaires contenant des plantes).
En outre, il est interdit :
- d’attribuer au produit des propriétés de prévention, de traitement ou de guérison d’une maladie et d’évoquer des propriétés similaires (l’étiquetage ne peut reprendre aucune allégation curative ni préventive) ;
- de mentionner ou de suggérer qu’un régime alimentaire équilibré et varié ne constitue pas une source suffisante de nutriments en général.
Les allégations nutritionnelles et de santé concernant les denrées alimentaires doivent être conformes à celles décrites dans le règlement européen 1924/2006.
Conclusion
Si vous consommez des compléments alimentaires, soyez prudents, surtout si vous les achetez
en ligne. Et si vous avez le moindre doute, consultez votre médecin ou votre pharmacien. Vous pouvez également nous contacter, nous nous ferons un plaisir de vous aider.
Source : D'après le Bulletin AFSCA n°69, pages 7 & 8. |